La course de chameaux est une tradition ancestrale pratiquée par les Arabes de la péninsule arabique mais pas seulement. On en retrouve aussi ailleurs comme dans les pays du Maghreb, du Sahel, en Mongolie ou encore en Australie… En moyenne, un dromadaire court à 40km/h mais un athlète bien entraîné peut réaliser des pointes à 65 voire 70km/h. Parmi les particularités de ces courses : la tradition du safran. Cette tradition, qui tient son origine des Émirats Arabes Unis, a pour but d’honorer et distinguer les chameaux vainqueurs de course.
Qu’est-ce que la tradition du safran ?
Utilisé en gastronomie, pharmacie ou parfumerie, le safran est une plante reconnaissable à ses fleurs bleues mêlées de rouge et ses stigmates jaunes. Son prix, autour des 10€ le gramme, lui a valu le surnom « d’or rouge ». En effet, entre 150 000 et 200 000 fleurs sont cueillies pour produire 1kg de safran.
Aux Émirats Arabes Unis, l’utilisation de cette épice de luxe est pour le peu atypique. On l’utilise comme ingrédient principal dans un mélange spécial. En effet, ce mélange safrané une fois préparée, est destiné à être appliqué et épandu sur les chameaux. Attention, pas n’importe quel chameau !
Seuls les chameaux vainqueurs de course ont droit ce privilège. Le but étant de les distinguer et d’arborer ostensiblement leur rang. Ainsi, il est courant d’observer des dromadaires safranés au niveau de la tête et du cou lors des courses camélines. Cette façon originale d’honorer le dromadaire vainqueur permet à n’importe qui de le reconnaître. De plus, cette préparation ne colore pas seulement le dromadaire champion mais va le parfumer également. Les traces de la victoire marqueront le dromadaire pendant plusieurs semaines voire des mois.
Origine de la tradition du safran
A la base, dans les années 1950, les chameaux vainqueurs de course étaient ornés d’un châle en en laine ou d’un collier en osier (issu de dattier). Mais en 1985, après sa découverte, son Altesse Sheikh Mohamed bin Rashid Al Maktoum a émis l’ordre d’honorer les chameaux vainqueurs de course du fameux mélange safrané. Samir Ahmad, son inventeur, est surnommé depuis « expert du safran ». Lui et les 10 membres de sa famille détiennent le secret de la préparation.
Le badigeonnage du safran se déroule lors de la remise des prix et fait partie de la tradition que le propriétaire du chameau embrasse son champion. Son beau thawb (qamis) d’un blanc pur finit alors aussi coloré que la tête de son chameau. Par ailleurs, dans ces moments, on entend souvent le terme « NAMOUS » (الناموس en arabe). Cette expression bédouine est utilisée pour féliciter les vainqueurs de courses. Elle symbolise l’euphorie de la victoire, la fierté et l’honneur dont le but est d’attirer l’attention sur le vainqueur.
Composition du mélange
Ce mélange est composé des meilleurs safrans mais pas seulement. Il est dosé à d’autres épices naturelles et la préparation reste à ce jour secrète. Il faut savoir que 40 jours sont nécessaires pour le préparer et qu’il est mélangé à de l’eau au dernier moment avant application. On obtient à la fin un mélange avec une belle couleur orangée et une texture assez épaisse.
Jamais le mélange n’est répandu sur le nez ou la bouche du dromadaire. Ce dernier restera coloré et parfumé pendant plusieurs semaines voire des mois. On saura tous qu’il a été vainqueur d’une course.
Une tradition qui s’exporte
Samir Ahmad a roulé sa bosse dans le milieu car son mélange safrané se retrouve dans les pays voisins. En effet, cette tradition a visiblement plu car on le retrouve aujourd’hui au Koweït, au Qatar ou encore à Oman. Qui sait ? peut-être verrions-nous des chameaux safranés en Europe un jour ?
0 Commentaire pour “Course de chameaux et tradition du safran”