Au Yémen, pays au sud de la péninsule arabique où le chameau occupe une place importante depuis des siècles, se déroule une tradition tribale assez particulière. Dans le gouvernorat d’Al-Houdeida dans l’Ouest du pays, les jeunes de la tribu des Zaraanîq se défient lors d’une épreuve UNIQUE dans le monde : le saut par-dessus les chameaux, ou plus communément le « SAUTE-CHAMEAUX ».
A la fois sportive et culturelle, cette cérémonie a toujours été présente dans la région (datant de l’Antiquité selon certains) malgré un déclin ces dernières années. Les Zaraanîq pratiquent le saute-chameaux de façon hebdomadaire et lors des grandes occasions comme les mariages ou les festivals. Certaines chaînes locales diffusent même ces compétitions à la télévision.
Mélange entre saut en hauteur et saut en longueur
Comment se déroule concrètement une épreuve de saute-chameau ? Le sauteur se place à une quinzaine de mètres d’un tremplin bâtie en terre d’une hauteur de 1m environ. Pour le premier saut, deux chameaux sont placés perpendiculairement au tremplin. Le sauteur court à toute vitesse et prend appui sur le tremplin pour sauter par-dessus les chameaux. Pour valider son saut, Il doit réussir à retomber au sol sans toucher les chameaux.
Les chameaux peuvent mesurer jusqu’à 2m50 de haut au niveau de leur bosse et leur alignement pousse le sauteur à atteindre le sol le plus loin possible, plusieurs mètres après le tremplin. Ce qui rend le saute-chameaux comme une discipline rassemblant le saut en hauteur et le saut en longueur. Les sauteurs s’entraînent plusieurs années avant d’acquérir assez d’expériences pour participer à ces concours. En général, ils débutent leur carrière à partir de l’âge de 12 ans en s’entraînant d’abord avec un bâton.
Record à battre : 7 chameaux
Lorsque le sauteur réussit ce premier saut, un nouveau chameau est alors positionné après le tremplin pour ajouter de la difficulté. Il devra en conséquence sauter plus haut et plus loin. D’après un entraineur de saute-chameaux de la tribu des Zaraanîq, le record est de 7 chameaux. Aussi, il peut arriver que les chameaux soient remplacés par un 4×4, dans ce cas les sauteurs doivent réussir à passer par-dessus le toit du véhicule. Il est à noter que l’atterrissage peut être dangereux du fait de la hauteur ou bien lorsque le sauteur heurte un chameau durant son saut. Il risque fortement de perdre l’équilibre et de mal retomber.
Concours de saute-chameaux à Socotra
On ne retrouve pas ce sport populaire et traditionnel seulement dans la province d’Al-Houdeida mais également sur l’île de Socotra (petite île dans l’océan Indien non loin de la Somalie appartenant au Yémen). Durant le festival de Nujed organisé par la Fondation Humanitaire Shaykh Khalifa en 2019, beaucoup de jeunes talents ont pu s’illustrer à travers le saute-chameaux. En plus de revivifier une tradition ancestrale, cela a permis au peuple socotri de se rassembler en ces temps difficiles dû à la guerre. En parallèle, cela a permis aux vainqueurs de remporter divers prix et notamment de fortes sommes d’argent. Cet événement majeur sur l’île a mis au même rang les courses de chameaux et le saute-chameaux, pour le plus grand plaisir des Locaux.
Le saute-chameaux aux Jeux Olympiques : pourquoi pas ?
Le saute-chameaux est un symbole tribal fort chez les sauteurs car ils sont respectés et sont fiers de cet héritage. Ils se transmettent cette passion de père en fils et leur souhait est d’élargir ce sport et que le monde découvre cette discipline. On connaît les courses de chameaux ou les concours de beauté mais pas suffisamment le saute-chameaux. Qui sait ? Peut-être verrons-nous dans quelques années le saute-chameaux comme épreuve officielle aux Jeux Olympiques.
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