Le Maroc est à l’honneur avec monsieur Mohamed Lamin Ragueb, président de la Fédération Marocaine des Courses de Chameaux. Très impliqué dans la préservation du patrimoine du Sahara, il répond aujourd’hui à nos questions. Pour notre nouveau KAMELITO-VIP, les chameaux sont l’avenir du Maroc et du monde.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Mohamed Lamin Ragueb. J’ai 48 ans et je suis originaire de Semara, capitale culturelle du désert marocain. J’ai 4 enfants et je suis le descendant d’une noble famille dont l’héritage est le chameau de père en fils. Je suis aussi enseignant-chercheur. Enfin, je m’intéresse à tout ce qui touche au patrimoine culturel du Sahara.
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis diplômé de l’institut d’enseignement à Béchar en Algérie. J’ai aussi des diplômes dans le domaine de la gestion financière, administrative et juridique. Je suis président de plusieurs associations. Je fais partie de plusieurs organisations internationales (arabe, latino-américaine, africaine) au Maroc.. Actuellement, je suis coordinateur général entre la société civile et les conseils élus de la région. Enfin, je suis fondateur du festival de Seguia el-Hamra dans le sud du Maroc. Je parle arabe, français et anglais.
Dans quelle ville habitez-vous actuellement ?
Actuellement, j’habite à Laâyoune dans la région de Seguia el-Hamra, capitale du désert marocain.
D’où vous est venu cet amour pour les chameaux ?
Cet amour pour les chameaux, c’est de famille. J’ai grandi parmi eux et mon éducation s’est articulé autour d’eux. C’est pourquoi, j’ai fini par me spécialiser dans la culture du patrimoine sahraoui. Cela m’a logiquement attiré vers le domaine bédouin de manière générale et les chameaux en particulier. De plus, mon alimentation elle-même est dérivée du chameau (lait de chamelle, viande, yaourt…).
Possédez-vous des chameaux ? si oui, combien ?
Nous possédons des centaines de chameaux. Nous les avons hérités de nos pères. On ne s’est jamais démotivé à les élever et faire croître le troupeau. On investit beaucoup dans les chameaux. Ils sont notre principale source de revenus.
Vous préférez les chameaux à 1 bosse (Camelus dromedarius) ou à 2 bosses (Camelus bactrianus) ?
J’ai une préférence pour les chameaux à une bosse (dromadaire). Ce sont ceux qu’on trouve au Maroc.
Parmi les merveilles anatomiques et physiologiques du chameau, laquelle vous fascine le plus ?
Ce qui me fascine le plus, c’est qu’il peut trahir son propriétaire à n’importe quel moment. Surtout si son propriétaire venait à le frapper. Le chameau s’en souviendra et pourra le surprendre un jour et le tuer. C’est aussi fascinant qu’effrayant pour ainsi dire.
Quel est votre plus beau souvenir avec un chameau ?
Mon meilleur souvenir avec un chameau c’est lorsque j’avais 12 ans. J’étais sur mon chameau préféré. Il s’appelait « cendre » en raison de la couleur de sa robe. J’ai conduit le troupeau vers un puits se trouvant à 20km de notre pâturage. Après les avoir abreuvés, j’étais très fatigué. Si bien que me suis assoupi et je suis tombé du haut de ma monture. Alhamdu liLlah (“Louanges à Allah en toutes circonstances”) je n’ai eu aucune blessure. En effet, ayant atterri sur une dune, le sable a amorti ma chute. Je souviens encore du lieu et de la date de l’accident comme si c’était hier.
Quel est votre « pire » souvenir avec un chameau ?
Je possédais à l’époque un très beau dromadaire. Bien éduqué mais très lent. Il était toujours à la traîne par rapport au reste du troupeau. Une fois, je me suis approché de lui et je l’ai frappé fort avec un très gros bâton. J’ai pensé qu’il ne bougerait pas comme à son habitude. C’est alors qu’il m’a subitement frappé avec sa patte droite. Le coup était si fort que je suis tombé immédiatement. J’ai ressenti une vive douleur au genou. J’ai même pensé qu’il était cassé. J’ai souffert pendant plusieurs jours. Je ne pouvais même plus marcher. Ensuite, j’ai appliqué des soins traditionnels et me suis rétabli.
Quelle est votre plus grande réussite/fierté dans le monde de ces grands camélidés ?
Ma plus grande fierté, c’est qu’ils sont cités dans le noble coran : “Ne voient-ils donc pas comment les chameaux ont été créés ?”
Quel est votre plus grand échec/déception dans l’univers de ces grands camélidés ?
C’est le génocide qu’ils ont subi en Australie à la vue du monde entier. Pourtant, les chameaux sont fidèles aux hommes à la base. Mais en échange, on ne leurs accorde pas leurs droits. Aucune compassion, pas de miséricorde et on ne les valorise pas sauf dans certains pays. Ceux du Golfe.
Buvez-vous du lait de chamelle quotidiennement ?
Oui, je bois du lait de chamelle tous les jours. Surtout le lait frais, juste après la traite du matin. C’est le meilleur moment pour le boire.
Qu’aimeriez-vous voir se développer ou s’améliorer dans le futur pour les chameaux ?
Je souhaite voir la création d’académies autour de cette merveilleuse créature. Mais également, enseigner aux jeunes la culture du chameau. L’intérêt émergente de la part des chercheurs et des spécialistes en est le témoin. Il faut informer le monde de leur valeur et la rentabilité d’un point de vue économique et sanitaire.
Comment pouvons-nous contribuer au développement culturel voire socio-économique des chameaux à travers le monde ?
En mettant en place des séminaires et festivals internationaux. Il faut un vrai marketing et investir dans les dérivés des chameaux. On doit voir davantage d’usines pour exporter de la viande et du lait sur les marchés internationaux et encourager la recherche scientifique dans le domaine.
Pourquoi selon-vous les chameaux seraient l’une des solutions à exploiter dans la transition écologique ?
Le chameau est une solution dans la diversité environnemental grâce à son respect et son adaptation aux facteurs environnementaux. De plus, il contribue à la préservation d’un environnement sain.
Un mot de la fin pour les amateurs de chameaux ou ceux qui ne connaissent pas encore cet animal
Mon dernier mot aux amoureux de chameaux : prenez soin d’eux, investissez en eux. Ils sont incroyables et respectueux de l’environnement. Leurs lait et leur viande sont sains. Leurs peau est un vêtement pour l’homme. Quant à ceux qui ne connaissent pas les chameaux, je leur conseille de méditer dans la création du chameau aussi bien dans leur forme que dans leur intérieur.
Et s’ils venaient à faire des recherches scientifiques sur les chameaux et qu’ils apprennent à les connaître de près, ils découvriront leur beauté ainsi que leur importance. Car celui qui voit n’est pas comme celui qui a entendu.
Pour finir, je tiens à exprimer mes sincères remerciements, mon estime ainsi que ma gratitude au fondateur de la société KAMELITO pour sa patience et pour m’avoir accordé un temps précieux sur son site.
Aussi, un remercient spécifique à tous ceux qui s’intéressent ou qui possèdent des chameaux où qu’ils se trouvent. Je leur adresse mon plus profond respect. Votre frère Mohamed Lamin Ragueb.
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