Bienvenue en Libye ! Ahmad Mohamed QNYDY nous a fait l’immense honneur de répondre à nos questions. On connaît très peu et surtout très mal ce grand pays du chameau. Les chameaux de Libye sont nombreux et ont toujours été le meilleur compagnon de l’Homme dans cette région du monde.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Ahmad Muhammad Qnydy. Je suis d’origine libyenne et je vis de ma passion des camélidés. En effet, j’organise des excursions à dos de dromadaire dans le désert libyen depuis 2007. Cette activité me permet d’en apprendre tous les jours.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai occupé différents postes dans divers domaines mais je suis surtout spécialisé dans les voyages et excursions dans le désert. Bien entendu, je suis très actif lorsqu’il s’agit du monde camelin. Aujourd’hui, je suis le fondateur de l’école Awal pour les courses de dromadaires et la conservation du patrimoine. Mais j’exerce d’autres fonctions : dont la présidence du club sportif, culturel et social méhari de Ghadamès,
- Président du Club Sportif, Culturel et Social Mehari Ghadamès
- Directeur du Bureau de la Jeunesse de la commune d’AWAL – LYBIE
- Chef de la délégation de la jeunesse libyenne dans les zones désertiques des pays sahéliens africains
- Directeur de l’Agence AWAL pour le Tourisme et l’Exploration du Désert
- Membre de l’Organisation Libyenne des Voyages Touristiques
- Chef du voyage pour la paix à dos de chameau pour l’ouverture des routes entre l’est et l’ouest de la Libye
Dans quelle ville habitez-vous actuellement ?
Je vis à Ghadamès, ville frontalière de l’Algérie et de la Tunisie, à l’Ouest de la Libye. C’est une ville mais aussi une oasis dans le désert libyen. D’ailleurs, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986.
D’où vous est venu cet amour pour les chameaux ?
J’aime les chameaux pour diverses raisons. Premièrement, je les utilise pour mes voyages et excursions dans le désert. Deuxièmement, en raison de leur grande importance et le fait qu’ils soient mentionnés dans le saint Coran et les textes de la tradition prophétique. C’est un animal inspirant qu’on retrouve beaucoup dans la littérature, les contes et les récits populaires. Depuis sa création, le chameau a toujours été un appui et une monture pour l’Homme. Cet animal restera une fierté pour moi car il a été une cause de ma réussite dans la réalisation de mes objectifs. Par ailleurs, il m’a déjà protégé des prédateurs la nuit et m’a sauvé par son intelligence et sa capacité à emprunter des raccourcis et des routes plus sûres. Enfin, c’est en voyageant à dos de dromadaire que j’ai appris à connaître sa loyauté, ses qualités, sa force, son endurance et son comportement.
Possédez-vous des chameaux ? si oui, combien ?
Actuellement j’ai 2 dromadaires. Je suis toujours à la recherche des meilleurs d’entre eux. Étant continuellement en déplacement, je change souvent de chameaux.
Vous préférez les chameaux à 1 bosse (Camelus dromedarius) ou à 2 bosses (Camelus bactrianus) ?
Je préfère les chameaux à une bosse en raison de de sa force et sa grande capacité physique à supporter les contraintes de voyage. C’est un chameau vraiment adapté pour le désert. Je ne pense pas que le chameau puisse en faire autant.
Parmi les merveilles anatomiques et physiologiques du chameau, laquelle vous fascine le plus ?
Son anatomie et sa physiologie. Notamment son intestin qui mesure 40m !
Quel est votre plus beau souvenir avec un chameau ?
Je me souviens une fois d’une équipe de télévision qui faisait un reportage et filmait des chameaux. L’un d’entre eux, malicieux, s’amusait à sauter dans tous les sens. Ce chameau n’a pas cessé d’embêter la voiture qui transportait la caméra pendant toute la durée du tournage. Il les a suivi dans tous le pays.
Quel est votre « pire » souvenir avec un chameau ?
C’était lorsque j’étais âgé de 11 ans. J’étais tombé de mon chameau pour la toute première fois. Cette chute, très douloureuse, m’a bien servi de leçon.
Quelle est votre plus grande réussite/fierté dans le monde de ces grands camélidés ?
C’est de pouvoir terminer une course en atteignant la position escomptée.
Quel est votre plus grand échec/déception dans l’univers de ces grands camélidés ?
C’est le fait de ne pas en tirer profit. Il y a un manque à gagner avec la création d’usines laitières ou le développement de projets économiques dans le secteur camelin. Par exemple, leurs peaux, pourtant exploitable, sont jetées. Les chameaux possèdent de nombreux avantages.
Buvez-vous du lait de chamelle quotidiennement ?
Je bois du lait de chamelle qu’à certaines périodes seulement car il n’est disponible en abondance. De plus, il n’existe pas actuellement d’usine de production laitière qui s’y intéresse.
Quelle est votre recette ou plat préféré à base de lait de chamelle ?
Je le consomme nature et le meilleur lait selon moi est lorsque la chamelle vient de mettre bas. J’aime aussi le lait de la chamelle qui s’est nourrie de plantes sauvages. Je la trais et je le bois frais ou chaud le matin ou le soir après un gros effort physique. J’aime boire le lait de chamelle car il me procure de l’énergie et est rempli de bienfaits.
Qu’aimeriez-vous voir se développer ou s’améliorer dans le futur pour les chameaux ?
Je veux voir les chameaux se développer dans de nombreux aspects de la vie. Des centres de recherche spécialisés dans la transformation de cette richesse doivent voir le jour. Améliorer leurs conditions d’élevage, leur reproduction et leur source de nourriture pour que les sociétés puissent les exploiter. Leur viande, tout comme leur lait, présente des avantages nutritionnels. Le lait de chamelle est utilisé aussi à des fins thérapeutiques dans différentes pathologies (diabète, foie, peau…).
Comment pouvons-nous contribuer au développement culturel voire socio-économique des chameaux à travers le monde ?
Il existe de nombreuses solutions pour le développement du secteur camelin. Par exemple, pourquoi investir dans l’importation de viande étrangère qui se chiffrent à plusieurs millions de dollars alors que nous pouvons convertir ces dépenses et créant des élevages de chameaux localement. Les chameaux constituent une richesse qui peut être transformée dans diverses activités : peau et laine (cuire, textile, chaussures…), artisanat, lait, viande, tourisme, voyage, courses…
Pourquoi selon-vous les chameaux seraient l’une des solutions à exploiter dans la transition écologique ?
Tout simplement car ils se trouvent sur le sol libyen et qu’ils sont adaptés à l’environnement local, zone désertique où la vie est difficile. Les gens se sont habitués à vivre dans ce milieu avec les chameaux et utilisent sa peau pour en faire des récipients et des habits. Ses excréments sont recyclés en combustible. Sa viande sert de nourriture et leur lait de boisson riche et nourrissant. Les chameaux participent au transport et au déplacement d’un endroit à l’autre. Ils labourent les terres et aident à les transformer en oasis verdoyantes. Les chameaux possèdent des bienfaits connus et d’autres avantages restent à découvrir.
Un mot de la fin pour les amateurs de chameaux ou ceux qui ne connaissent pas encore cet animal
Mon dernier mot s’adresse aux amateurs de chameaux ainsi qu’aux éleveurs et aux propriétaires : Les paroles ne suffisent plus ! Il reste énormément de choses à améliorer pour moderniser ce secteur en se basant sur la médecine vétérinaire ainsi que la recherche comportementale, physiologique, thérapeutique etc.… Nous devons parvenir à des innovations et au développement durable. Prenons exemple sur la Chine qui a su transformer cet animal en usine alimentaire et thérapeutique. C’est une richesse pour le pays qu’il ne faut pas négliger. Quand ceci verra-t-il enfin le jour ?
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